
Chapelle saint Julien en 1996 avant la dernière restauration. Les rampants de la toiture étaient dégradés comme la toiture, la grande verrière obstruée, …
Fondée en 1323, la chapelle faisait partie d’un vaste ensemble fortifié mais bien mal connu comme en témoignent encore des ouvertures en forme de meurtrières, des traces d’une ancienne plateforme de guet …. Mais l’intérieur enrichi de belles peintures murales du XIV ième contraste avec l’extérieur un peu austère.
Premiers travaux 1913
En 1912, Marcel Chatain le propriétaire et maire du Bourg-Dun préoccupé par l’état de la chapelle a joint Léon de Vesly responsable des services départementaux des Antiquités de Seine Inférieure. Venu à Flainville, celui-ci a consigné ses observations dans un rapport éloquent :
La nef principale n’avait plus aucune toiture et le pignon ouest était effondré. Cette situation n’était pas récente puisque, selon ses photographies, des arbres s’étaient établis devant l’autel et le baptistaire. Restée mieux protégée, la chapelle seigneuriale conservait une voute d’ogive ornée de huit Anges Musiciens ainsi qu’une Nativité au dessus de la voûte en face Nord. Ces peintures murales dataient de la fin du Moyen âge.
Vivement encouragé, M. Chatain entreprit la restauration de charpente et de la toiture. A la fin des travaux menés pendant la première guerre mondiale et avec sans doute des moyens bien limités, il remercia la commission des antiquités de Seine Inférieure pour ses incitations et transmit à cet effet un bas relief en albâtre du XVe issu de la chapelle (élément exposé actuellement au Musée des Antiquités de Rouen).
Restauration récente (à partir de 1997)
Près de cent ans plus tard de nouveaux gros travaux étaient devenus urgents : le toit n’était plus étanche, les murs de la petite tourelle se lézardaient dangereusement, la voûte de la chapelle seigneuriale était dangereusement déstabilisée, l’armature calcaire de la grande verrière était dégradée.
Dès 1997 l’association « Les Campagn’Arts du Bourg-Dun » s’est attelée à la tâche. Il fallait organiser les travaux : faire appel à un architecte (François Mirc), effectuer de très nombreuses démarches pour réunir le financement (DRAC, Conseil Général, l’Association de Sauvegarde de l’Art Français et Fondation Province de France du Crédit Agricole), choisir les entreprises et surtout suivre les travaux. C’était là un très gros chantier. L’implication incessante de M. André Rudi, président des Campagn’Arts du Bourg-Dun a été soutenue par les interventions locales de Philippe Levasseur et de Nathalie Seguin.

Chapelle Saint Julien en 2000 ; la chapelle seigneuriale se trouve sur le côté droit de la grande verrière
Souvent de tels chantiers comportent des mauvaises surprises, là bien au contraire : masqués par un enduit de chaux et par un lambris de bois très dégradé, un très bel ensemble de 4 tableaux contemporains des décors de la petite chapelle seigneuriale a été dégagé. Ils avaient échappé à à l’observation de M. de Vesly.

Mur sud de la nef. Cette »bande dessinée » illustrant la vie de Saint Julien devait se poursuivre sur tous les murs de la nef principale. Une longue absence de couverture a provoqué un lessivage du support.
Les travaux de gros œuvre (drainage des murs, réfection de la charpente et de la toiture, du double rampant de la façade Est, de l’assemblage de pierre de la grande verrière et surtout de la réparation de la voûte de la chapelle seigneuriale) ont été conduits par les entreprises Lanfry (rénovation de maçonnerie et réfection des pierres sculptées) et Papoin (charpente et couverture).
Puis, après une grande année utilisée à l’achèvement de l’assainissement interne de la chapelle, un spécialiste, M. Joël Marie, est intervenu sur les peintures murales du XlVième : élimination des algues et lichens, des divers masques de chaux placés à l’époque de la Révolution Française, fixation des nombreuses écailles de l’enduit par injection locale de caséine, comblement de fissures par un enduit de chaux… avec seulement peu de corrections du décor peint de la fin du Moyen Age.
Outre la Nativité, le visiteur distingue maintenant dans la chapelle seigneuriale, les représentations de l’Annonciation, la Visitation et du Couronnement de la Vierge éléments inconnus de M. de Vesly, tout comme une large litre funéraire reportant les armoiries des propriétaires successifs. Le visiteur devra s’appuyer sur son imagination pour recréer mentalement les pigments disparus et compléter des lacunes du décor.
Un nouveau dallage de terre cuite a créé une unité générale.
Les murs Ouest et Nord de la nef principale restaient quasiment nus. Pour y remédier l’association a lancé un concours :
Comment illustrer le conte « La Légende de Saint Julien l’Hospitalier », de Gustave Flaubert composé à Concarneau dans la fin de sa vie en souvenir d’un grand vitrail de la cathédrale de Rouen (confirmé par la correspondance de G. Flaubert disponible sur internet ; on y apprend aussi ses liens avec Ouville la Rivière ou habitait sa mère).

La vie de Saint Julien (se lit de bas en haut) ; reproduction du grand vitrail de la cathédrale de Rouen
Parmi six projets, le projet de Paul Kichilov remporta l’unanimité des suffrages. Cette nouvelle aventure – pour un artiste graveur, qui découvrait la mise en œuvre de la terre cuite depuis Athènes si loin de Flainville. C’était une aventure aussi pour le Conseil de l’association qui finançait sur ses fonds propres ce vaste projet.
Ainsi depuis juillet 2009, 11 bas reliefs de terre cuite émaillé sont installés à demeure sur les murs Ouest et Nord de la Chapelle. Ils cadencent la progression du regard et créent une belle harmonie dynamique de graphisme et de coloris avec le décor mural du Moyen Âge. Cet ensemble met aussi en valeur le beau vitrail moderne créé par Patrick Forfait.
Pour découvrir d’autres créations de cet artiste consultez le site internet paulkichilov.com ou plutôt https://www.facebook.com/Paul.Kichilov.artiste/
Vous découvrirez divers créations (sculptures, gravures, peintures) de cet artiste. Vous pouvez aussi retrouver dans la rubrique Archives l’évocation d’autres créations, de petits spectacles, de Paul Kichilov présentés à la Chapelle Saint Julien.
L’ensemble de cette restauration a été couronnée par l’attribution des Rubans du Patrimoine en 2003 suivie en 2008 d’une inscription d’ensemble de la chapelle aux Monuments Historiques, vers 1950 seuls l’ensemble des 8 Anges Musiciens avaient été inscrits.
L’été la chapelle accueille des expositions, notamment dans le cas du Festival du Lin et de l’Aiguille, des manifestations dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine (en septembre) ainsi que des spectacles variés et des concerts.
Vos projets seront bien venus (joignez campagnarts.bourgdun@orange.fr pour les soumettre).
Si la chapelle reste (trop souvent fermée) vous pouvez joindre Philippe Levasseur tel 02 35 83 00 58 ou Marc Bernheim 02 35 83 73 76 pour organiser des visites pour de petits groupes.
Les visiteurs pourront se procurer pour 10 € une plaquette de 36 pages richement illustrée.